Rapport mondial sur le paludisme 2022 : des nouveaux outils sont nécessaires pour atteindre les objectifs mondiaux de lutte contre le paludisme
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Aujourd’hui, l’Organisation mondiale de la santé a publié son rapport annuel sur le paludisme, constatant que la région africaine continue de supporter le fardeau le plus lourd du paludisme, avec 234 millions de cas et 593 000 décès en 2021. Quatre pays africains représentent près de la moitié de tous les cas de paludisme dans le monde – le Nigeria (26,6%), la République démocratique du Congo (12,3%), l’Ouganda (5,1%) et le Mozambique (4,1%). De plus, le Burkina Faso représente 3,3 %, le Mali 3,1 % et le Ghana 2,2 %.
Bien que les efforts déployés par les pays d’endémie palustre pour éviter l’interruption des services de lutte contre le paludisme pendant la pandémie de COVID-19 aient sans aucun doute évité les rebonds redoutés, les cas et les décès dans la région sont restés stables depuis plusieurs années. Ce fardeau reste à un niveau inacceptable, d’autant plus que le paludisme est une maladie à la fois évitable et traitable. Quinze pays sont parvenus à réduire l’incidence des cas de paludisme, dont deux pays dans lesquels Target Malaria travaille – le Burkina Faso et le Ghana. Le Cap-Vert n’a enregistré aucun décès dû au paludisme en 2021 et est en passe d’être déclaré exempt de paludisme par l’OMS. Cependant, les progrès mondiaux dans la réduction de l’incidence des cas de paludisme et de la mortalité due au paludisme restent en deçà de la stratégie technique mondiale de l’OMS contre le paludisme 2016-2030.
Malgré ces statistiques déprimantes, des interventions clés sauvent des vies. On estime que 177 millions de cas et 949 000 décès ont été évités en 2020 et 185 millions de cas et 997 000 décès supplémentaires en 2021 grâce à un accès accru au diagnostic et au traitement, à la distribution généralisée de moustiquaires imprégnées d’insecticide et à la fourniture de chimioprévention aux groupes à haut risque, notamment les jeunes enfants et femmes enceintes. 2021 a également annoncé une recommandation pour le premier vaccin antipaludique au monde – RTS,S – avec un déploiement plus large dans les pays d’endémie palustre prévu à partir de 2023.
Le rapport met en lumière les menaces persistantes qui pèsent sur la lutte contre le paludisme. Il s’agit notamment de la résistance croissante à l’insecticide utilisé sur les moustiquaires, de l’émergence de la résistance aux médicaments antipaludiques dans la région africaine et de l’introduction et de la propagation de l’espèce de moustique Anopheles stephensi vivant en milieu urbain. Cependant, il y a encore des raisons de rester optimiste. Comme le note le rapport, la recherche scientifique débouche rapidement sur un pipeline prometteur de nouveaux outils qui pourraient aider à accélérer les progrès vers l’élimination du paludisme. Il s’agit notamment de nouveaux types de technologies de lutte antivectorielle qui ciblent les moustiques qui transmettent le parasite à l’extérieur de la maison (y compris la modification génétique des moustiques), des diagnostics, des médicaments contre le paludisme, des vaccins et des anticorps monoclonaux. Ces innovations scientifiques, associées à des développements passionnants dans le renforcement des capacités de fabrication sur le continent africain, peuvent nous aider à nous remettre sur la bonne voie pour atteindre les cibles des ODD 2030.
Bien que les conclusions du rapport de cette année mettent en évidence le lourd fardeau du paludisme en Afrique, elles dressent également un tableau encourageant des possibilités d’accélérer les progrès. Avec les investissements, la recherche et le développement, l’engagement communautaire et la volonté politique appropriés, il est possible d’inverser les tendances et d’accélérer les progrès vers l’élimination du paludisme. C’est maintenant qu’il faut agir.