Loading...

Trois questions à un scientifique : Mahamadi Kientega, entomologiste médical au Burkina Faso

posté 23rd octobre 2024 par Dr Mahamadi Kientega

Le Dr Mahamadi Kientega, de l’Institut de recherche en sciences de la santé (IRSS), vient de publier un important travail mettant en évidence l’émergence de signes de résistance aux insecticides chez les moustiques anophèles, au Burkina Faso. Ancien membre du réseau de jeunes scientifiques Target Malaria, le Dr Kientega a récemment fait l’objet d’un article dans Malaria Journal et souligne l’importance de la surveillance de la résistance des moustiques aux insecticides en Afrique.

Vous avez récemment publié un article scientifique dans Malaria Journal. Parlez-nous de cette publication.

Entre 2012 et 2017, moi et les membres de mon équipe de Target Malaria avons collecté 1409 moustiques Anopheles gambiae sensu lato (s.l.) (978 femelles et 431 mâles) dans trois villages du Burkina Faso : Bana, Souroukoudinga et Pala. Nous avons séquencé le génome de ces moustiques pour étudier l’évolution des variants associés à la résistance aux insecticides.

L’article que nous avons publié dans Malaria Journal s’intitule « Le séquençage du génome entier des principaux vecteurs du paludisme révèle l’évolution de nouveaux variants de résistance aux insecticides dans le cadre d’une étude longitudinale au Burkina Faso ». Il est le résultat d’une étude collective entre plusieurs partenaires scientifiques : l’Institut de Recherche en Sciences de la Santé-IRSS à Bobo-Dioulasso, l’Observatoire des vecteurs de MalariaGEN et Target Malaria. L’article examine l’évolution des mécanismes génétiques impliqués dans la résistance des vecteurs du paludisme, en se concentrant particulièrement sur la manière dont ces vecteurs s’adaptent aux insecticides au fil du temps au Burkina Faso.

 Quelle est la contribution de cette étude à la recherche sur le paludisme ?

Notre étude apporte une contribution significative en identifiant des marqueurs génétiques associés à la résistance aux insecticides. Ces connaissances sont essentielles pour les programmes de lutte contre le paludisme, car elles mettent en évidence les capacités d’adaptation des vecteurs du paludisme, ce qui permet des interventions plus stratégiques. Les résultats suggèrent que les méthodes actuelles, telles que l’utilisation de moustiquaires imprégnées d’insecticide (ITN) et les pulvérisations intradomiciliaires rémanentes (PID), doivent être réévaluées et éventuellement combinées avec de nouvelles approches pour atteindre une élimination effective du paludisme. Cette recherche contribue donc à orienter la politique et la prise de décision en matière de lutte contre les vecteurs du paludisme aux niveaux régional et national.

Quelle est la prochaine étape de votre recherche et quel problème espérez-vous résoudre avec ce projet ?

Aujourd’hui plus que jamais, il est crucial de comprendre la génomique des moustiques pour surveiller et comprendre comment ce champion de l’évolution biologique continue d’échapper aux stratégies de lutte antivectorielle. La prochaine étape de notre recherche consistera à approfondir les conclusions de cette étude et à explorer de nouvelles pistes de recherche pour mieux comprendre la population de moustiques sauvages au Burkina Faso. Mon objectif est de continuer à étudier la diversité génétique, la structure de la population et l’évolution des variants de résistance aux insecticides dans les populations d’An. gambiae s.l. au Burkina Faso. Je mettrai à profit les méthodes de séquençage et d’analyse des génomes des vecteurs du paludisme que j’ai acquises au cours de mon stage au Wellcome Sanger Institute au Royaume-Uni pour y parvenir.

Suivez Mahamadi sur les médias sociaux :

LinkedIn
Recherche en ligne (Researchgate)

Google scholar