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Co-développement d’un glossaire en commun avec les parties prenantes

posté 20th janvier 2021 par Wilfrid I. Meda

Comme Target Malaria s’est engagé à adopter une approche fondée sur le co-développement, les avis, les préoccupations et les attentes des communautés participantes sont pris en compte pour toutes les activités du projet. Étant donné que le projet fonctionne dans différents pays et au sein d’un éventail de cultures, l’établissement d’un véritable dialogue avec les parties prenantes implique parfois de surmonter des problèmes linguistiques, tels que ceux posés par la traduction appropriée de la terminologie scientifique utilisée sur le terrain dans les travaux de recherche sur l’impulsion génétique. Un nouveau paper, rédigé par plusieurs collaborateurs du projet et publié dans le BMC Malaria Journal, explique comment les équipes Target Malaria ont réussi à surmonter ces difficultés linguistiques en co-développant une série de glossaires en langue locale avec les communautés vivant près des sites de terrain au Mali, au Burkina Faso et en Ouganda.

Ayant réalisé que les langues locales parlées par ces communautés manquaient de mots pour traduire des termes cruciaux permettant d’expliquer le projet – tels que « impulsion génétique », « modification génétique », « entomologie », etc. – les équipes locales ont participé à un exercice linguistique pour trouver leurs propres traductions appropriées. Conformément au principe de co-développement de Target Malaria, l’opportunité a été saisie d’autonomiser les communautés afin qu’elles prennent part au dialogue sur les méthodes innovantes de lutte anti-vectorielle.   

Tout d’abord, le projet a collaboré avec des linguistes d’autres institutions (organismes de recherche dans le secteur public, centres linguistiques du secteur privé) afin de mettre au point un glossaire potentiel en langue locale, qui permette d’expliquer l’approche scientifique du projet. Ce glossaire initial a ensuite été testé au sein de groupes de discussion réunissant des membres de la communauté qui ont pu donner leur avis, faire des critiques et commentaires concernant les choix.  

Ce processus a permis d’améliorer significativement les traductions proposées en les adaptant au contexte local et culturel. La dernière étape a permis de former d’autres collaborateurs à l’utilisation de ces termes pour qu’ils soient utilisés de manière systématique par toute l’équipe projet. Plusieurs équipes étaient concernées, notamment entomologie de terrain, insectarium et autres collaborateurs, ainsi que les volontaires locaux qui participent à la capture des moustiques. 

En fin de compte, les glossaires ont permis au projet d’obtenir une communication cohérente en ce qui concerne la terminologie scientifique, de mieux faire comprendre les activités projet aux parties prenantes et de s’assurer que tout consentement (au niveau individuel) et permission (au niveau de la communauté) sont effectivement éclairés.
Depuis, l’université du Ghana a lancé un processus semblable, en tirant parti de l’expérience analysée dans le papier. Les équipes commencent aussi à réfléchir à l’éventuelle nécessité de reproduire cette approche pour d’autres langues parlées dans les zones où elles exercent leurs activités.

Si ces glossaires constituent par eux-mêmes une ressource utile, le processus aboutissant à leur création souligne aussi des bonnes pratiques qui seraient pertinentes pour des projets d’interventions de santé publique, où un exercice de ce genre pourrait être utile. Avec le succès de cette initiative, Target Malaria démontre qu’une approche de co-développement avec les communautés est un puissant moyen permettant d’acquérir des connaissances mutuelles et d’établir un véritable dialogue avec les parties prenantes.