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Journée mondiale du paludisme : Accélérer la lutte contre le paludisme pour un monde plus équitable

posté 22nd avril 2024 par Dr. Lea Paré Toe

Initialement publié par Outreach Network For Gene Drive Research

Le paludisme a un impact dévastateur qui va bien au-delà de la menace directe qu’il représente pour la santé et les vies humaines. Il perpétue un cercle vicieux d’inégalités, créant des défis supplémentaires pour les communautés et les groupes sociaux déjà confrontés à des problèmes économiques et sociétaux. Alors que le monde entier se réunit pour célébrer la Journée mondiale de lutte contre le paludisme cette semaine, le 25 avril, le thème de cette année est « Genre, équité et droits de l’homme ». Ce thème nous rappelle la nécessité de créer un avenir plus équitable pour les générations à venir.  

Les responsables de l’engagement des parties prenantes de Target Malaria auprès des communautés locales au Burkina Faso.

L’équité en matière de santé signifie que chacun a les mêmes droits et le même accès aux normes les plus élevées en matière de soins de santé. Malheureusement, cela reste une réalité lointaine pour de nombreuses communautés vivant avec le fardeau du paludisme. Les femmes et les jeunes filles sont particulièrement touchées, car elles sont souvent plus exposées aux risques et à la vulnérabilité face à l’infection palustre et n’ont pas de pouvoir de décision ni de contrôle sur les ressources. Cela les empêche d’accéder à des outils vitaux, de se rendre à des rendez-vous médicaux ou de se faire soigner pour elles-mêmes ou pour leurs enfants. Les femmes enceintes, dont l’immunité est réduite, sont encore plus vulnérables au paludisme, avec environ 10 000 décès maternels causés par la maladie chaque année. De plus, comme les femmes assument souvent le rôle de soignantes principales, ce cycle d’inégalité perpétue ses effets sur les enfants. Presque toutes les minutes, un enfant de moins de cinq ans meurt du paludisme en Afrique.   

Pour créer un avenir plus équitable qui garantisse les droits de l’homme de chacun, il est essentiel d’accélérer la lutte contre le paludisme. Si les outils existants de lutte contre le paludisme ont permis de sauver des millions de vies, ils ne suffisent pas à éliminer la maladie. Il est essentiel d’investir dans la recherche et l’innovation pour élargir et diversifier la boîte à outils de lutte contre le paludisme et contribuer à relever les défis actuels, tels que la résistance croissante aux insecticides et aux médicaments. 

En 2012, j’ai rejoint Target Malaria, un consortium international de recherche à but non lucratif qui s’efforce de développer des technologies d’impulsion génétique pour réduire la transmission du paludisme. L’un des avantages de ces technologies réside dans le fait que les moustiques eux-mêmes « font le travail », ce qui permet d’atteindre tous les membres de la communauté, indépendamment de leur situation géographique, de leur sexe ou de leur statut social.  

Technicien de recherche travaillant avec des moustiques dans des cages à l’insectarium de Target Malaria au Burkina Faso.

Je dirige une équipe d’anthropologues, de sociologues et d’experts en engagement des parties prenantes qui mènent des actions au niveau communautaire, régional et national au Burkina Faso. Une partie de mon travail est centrée sur l’engagement des communautés locales qui sont affectées par notre recherche et sur le partage d’informations avec elles au sujet de notre travail. La prise en compte des connaissances, des perspectives et des préoccupations potentielles des communautés est essentielle pour améliorer notre travail et s’assurer qu’il répond aux besoins des personnes les plus touchées par le paludisme. 

Mon travail m’a permis de prendre conscience des nombreux défis auxquels sont confrontées les femmes et les jeunes filles africaines, notamment les stéréotypes sexistes bien ancrés, les attentes en matière de travail non rémunéré et l’absence de modèles féminins. Ces obstacles omniprésents les empêchent de faire carrière dans des domaines où l’on a besoin de plus de femmes, comme la science et la recherche.  

Les femmes sont en première ligne de la lutte contre le paludisme, supportant le fardeau le plus lourd tout en étant l’épine dorsale de l’économie des soins. Leur donner les moyens d’agir, c’est élever des générations et des nations entières. En cette Journée mondiale de lutte contre le paludisme, j’espère inciter davantage de femmes à embrasser des carrières scientifiques, à faire tomber les barrières sociales et les stéréotypes et à contribuer à ouvrir la voie à des innovations plus équitables dans le domaine de la santé.  

Initialement publié par Outreach Network For Gene Drive Research