L’impulsion génétique fait son entrée dans la nouvelle stratégie technique du Programme mondial de lutte contre le paludisme de l’OMS.
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Le 23 avril 2024, l’OMS a publié une mise à jour de sa stratégie technique mondiale de lutte contre le paludisme pour la période 2024-2030. Le Programme mondial de lutte contre le paludisme était initialement guidé par une stratégie destinée à couvrir les années 2016-2030, qui servait de cadre et de guide pour les efforts visant à réduire les taux de mortalité palustre et l’incidence de la maladie d’au moins 90 % au cours de cette période. Depuis lors, le ralentissement des progrès a montré qu’il fallait adopter une approche différente et plus intensive.
La nouvelle stratégie technique de l’OMS précise qu’« en 2022, on estime à 249 millions le nombre de nouveaux cas de paludisme dans le monde, contre 231 millions en 2015 », ce qui indique que les efforts actuels en vue de l’élimination du paludisme ne sont pas suffisamment efficaces et incite à repenser la stratégie établie par l’OMS, qui avait déjà été révisée en 2021.
Cette nouvelle stratégie technique mondiale définit quatre piliers sur lesquels s’appuieront désormais les interventions du Programme de lutte contre le paludisme:
- l’élaboration des normes et standards ;
- la contribution à l’innovation et au développement de nouveaux outils de lutte ;
- la centralisation les informations stratégiques et impactantes ;
- le renforcement du leadership technique du Programme mondial de lutte contre le paludisme.
Un cinquième pilier transversal, le soutien aux pays en fonction du contexte, complète ces objectifs. En outre, la nouvelle stratégie met en lumière le potentiel des moustiques génétiquement modifiés comme un des nombreux nouveaux outils innovants qui incarnent ces objectifs et qui, combinés à d’autres méthodes, pourraient nous aider à atteindre les objectifs de 2030.
L’une des causes profondes du ralentissement des avancées dans la lutte contre le paludisme est la résistance croissante que le parasite responsable de la maladie et le moustique vecteur développent à l’égard des traitements antipaludiques et des insecticides. La stratégie de l’OMS s’inspire du cadre de Tanahashi, soulignant l’importance de prendre en compte « la disponibilité, l’accessibilité et l’acceptabilité » dans les interventions en milieu endémique et la manière dont ces aspects sont liés aux facteurs socio-économiques et environnementaux.
Reconnaissant que « la région africaine de l’OMS porte le fardeau le plus lourd de la maladie, et que les jeunes enfants et les femmes enceintes vivant dans la pauvreté sont particulièrement vulnérables », les questions d’accessibilité doivent être adressées dans le cadre de la réponse globale à l’endémie. La stratégie indique que « le paludisme est intimement lié à la pauvreté » car les membres les plus démunis de la société sont « plus susceptibles d’être infectés, [mais] moins susceptibles de recevoir des soins de qualité » en raison d’obstacles financiers et de la difficulté d’atteindre les communautés rurales et isolées. L’avantage de l’utilisation de moustiques génétiquement modifiés est que les bénéficiaires ne sont pas obligés de voyager ou de fournir des fonds pour faciliter l’accès ; les moustiques eux-mêmes se déplacent et effectuent essentiellement le travail, sans que les praticiens aient besoin de se rendre dans les zones difficiles d’accès.
En outre, la question de l’acceptabilité et de l’obtention du soutien et de la confiance de la communauté est à la fois un facteur déterminant de l’étendue de la solution qu’on veut proposer et une nécessité éthique. La stratégie s’appuie sur les principes de « l’appropriation et de la direction par le pays » ainsi que sur « l’équité dans l’accès à des services de santé de qualité ; et l’intégration des données et de la science dans les décisions, les recommandations et les plans d’action ». La technologie de l’impulsion génétique est étudiée par des équipes nationales dans toute l’Afrique, selon une approche communautaire qui encourage le co-développement avec les parties prenantes locales. Cette approche centrée sur l’Afrique favorise l’acceptation de la technologie.
Aujourd’hui plus que jamais, il est clair que de nouvelles méthodes de lutte contre le paludisme sont nécessaires et, à la lumière de ce nouvel appel à l’action de l’OMS, j’espère que la mise en œuvre de ces nouvelles solutions nous permettra d’atteindre nos objectifs d’ici à 2030.