Target Malaria a procédé à un lâcher à petite échelle de moustiques mâles génétiquement modifiés stériles à Bana, un village du Burkina Faso


Le lâcher de moustiques mâles génétiquement modifiés au Burkina Faso est une étape très importante pour notre projet. Il s’agit d’une première sur le continent africain et notre équipe travaille depuis 2012 pour y parvenir.
Bana est l’un des sites du projet sur lequel nous travaillons en collaboration depuis environ 7 ans. Nos activités à Bana se sont concentrées sur la collecte de données entomologiques de référence, qui nous permettent de caractériser le site sur le terrain, en termes d’espèces de moustiques présentes, de leur dynamique saisonnière et de leur comportement dans la nature. Outre la collecte de ces données entomologiques, nous avons impliqué la communauté locale afin de lui expliquer le projet et la recherche, et de développer notre approche avec elle en l’écoutant et en dialoguant avec elle sur ses attentes et ses préoccupations, ainsi que pour garantir l’acceptation des activités du projet par la communauté.
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Le co-développement étant l’une de nos valeurs fondamentales, nous avons décidé que la communauté elle-même devait concevoir son propre modèle d’acceptation. Dès le début, un dialogue a été établi afin de convenir d’un ensemble de principes – transparence, inclusivité, ouverture à différentes perspectives – et la communauté de Bana a élaboré son propre modèle d’acceptation. Elle a choisi de créer un groupe communautaire de référence, représentant l’ensemble de la communauté et chargé de communiquer la décision de la communauté au projet, après consultation. L’acceptation de participer au lâcher à petite échelle de moustiques stériles a été donnée par ce groupe de référence en mai 2018.
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Aujourd’hui, nous avons procédé à un lâcher à petite échelle de moustiques mâles stériles à Bana. Pour ce faire, nous avons utilisé une technique communément appelée « marquage-lâcher-recapture ». Cela signifie que nous avons marqué nos moustiques mâles stériles avec une poudre colorée dans notre laboratoire confiné de l’Institut de recherche en sciences de la santé (IRSS) avant de les emmener sur le terrain pour les libérer dans une zone préidentifiée du village de Bana.
Le lâcher s’est déroulé comme prévu et nous sommes maintenant dans la phase de recapture, ce qui signifie que nous procédons quotidiennement à la recapture des moustiques. Nous continuerons à surveiller la population de moustiques dans le village sur une base mensuelle pendant une période pouvant aller jusqu’à un an. En outre, notre équipe chargée de la mobilisation des parties prenantes a travaillé avec la communauté de Bana pour mettre en place un groupe de surveillance communautaire.
Des représentants de l’Agence nationale de biosécurité et du comité d’éthique de l’IRSS étaient présents lors de la libération.
Bien que ce lâcher de moustiques mâles stériles ne soit pas destiné à servir d’outil de lutte contre le paludisme, nous sommes très heureux d’avoir franchi cette étape importante et espérons qu’elle éclairera les prochaines phases de notre recherche. Tous les membres de notre équipe sont conscients que, pour atteindre notre objectif final qui est de développer et de partager un nouvel outil de lutte contre le paludisme, nous avons encore un long chemin à parcourir. Mais ce premier lâcher est un pas en avant important.
Vous trouverez ci-dessous un lien vers une vidéo montrant une expérience MRR classique réalisée à Bana. Cette expérience a été menée en mars 2018 avec des moustiques de type sauvage (non modifiés). Regardez la vidéo ici.