Une nouvelle étude sur les essais contrôlés randomisés en grappes (CRCT) pour les interventions de lâcher de moustiques, telles que l’impulsion génétique


Les nouvelles technologies visant à réduire les populations de moustiques vecteurs de maladies consistent à lâcher des moustiques mâles modifiés dans les environnements naturels.
L’une de ces technologies est la technique de l’insecte stérile (TIS), qui consiste à lâcher des moustiques mâles stérilisés par irradiation. Un autre exemple est celui des moustiques génétiquement modifiés, notamment les moustiques à impulsion génétique, qui constituent un outil potentiel pour lutter contre le paludisme.
L’intérêt pour les interventions de lâcher de moustiques connaît une croissance rapide, stimulé par l’augmentation récente des cas de maladies transmises par les moustiques à l’échelle mondiale et le ralentissement des progrès dans la lutte contre le paludisme. Des essais récents sur le terrain ont montré que ces technologies sont très efficaces pour réduire l’incidence de la dengue, mais très peu d’essais sur le terrain ont été menés pour tester leur efficacité dans la réduction du paludisme.
Dans une nouvelle étude intitulée « Requirements for designing cluster randomised control trials to detect suppression of malaria vector » (Exigences pour la conception d’essais contrôlés randomisés en grappes afin de détecter la suppression des vecteurs du paludisme), nos équipes de recherche au Burkina Faso et au Royaume-Uni ont étudié comment évaluer l’efficacité d’une intervention visant à supprimer les populations de vecteurs du paludisme à l’aide d’essais contrôlés randomisés en grappes (CRCT).
Les essais contrôlés randomisés en grappes (CRCT) sont la référence en matière d’évaluation de l’efficacité d’une intervention, car ils comparent les performances de l’intervention dans une série de grappes ou de communautés qui en bénéficient à celles d’autres qui n’en bénéficient pas et servent de contrôle. Si l’efficacité des interventions de lâcher de moustiques pouvait être démontrée par un CRCT, cela constituerait une avancée majeure pour ces nouvelles technologies de lutte contre les vecteurs.
Dans notre étude, nous avons utilisé un riche ensemble de données sur la densité des populations de moustiques collectées sur des sites de terrain dans l’ouest du Burkina Faso afin de développer des modèles statistiques pour éclairer la conception de CRCT dans l’optique de réduire les populations de moustiques vecteurs du paludisme. En tenant compte de la variabilité naturelle de la densité des moustiques au fil du temps et entre différents endroits, nous avons étudié comment concevoir efficacement des essais afin que l’effet suppressif de l’intervention puisse être détecté avec un effort d’échantillonnage minimal. Nous avons constaté qu’il suffisait de 20 à 21 grappes pour détecter un effet de suppression de 50 %, tandis que 9 à 10 grappes étaient nécessaires pour détecter un effet de suppression plus important de 90 %.
Cette recherche arrive à point nommé pour contribuer à la conception d’essais sur le terrain de lâchers de l’impulsion génétique, qui sont en cours de planification. Les conceptions CRCT ne nécessitent pas un grand nombre de grappes pour détecter des effets de suppression modérés à élevés agissant sur les populations d’An. Gambiae, un des vecteurs du paludisme
L’un des défis de la conception d’essais sur le terrain de lâchers de moustiques à impulsion génétique concerne la propagation spatiale de l’impulsion génétique, due à la dispersion des moustiques. Cela pourrait potentiellement transporter l’impulsion génétique des sites de lâchers vers les grappes de contrôle, provoquant un « débordement » qui pourrait compromettre la conception de l’étude. La prochaine phase de notre travail consistera à développer des modèles mathématiques pour prédire la propagation spatiale de l’impulsion génétique et son impact potentiel sur les performances des CRCT. Cela permettra d’affiner la conception des CRCT et nous aidera à sélectionner une disposition spatiale des grappes afin d’atténuer l’influence du débordement sur les résultats des essais.
