Les moustiques à impulsion génétique sont efficaces pour contrôler les populations de moustiques en grande cage
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Les chercheurs du projet Target Malaria ont réussi à montrer que la technologie d’impulsion génétique est capable de contrôler les populations de moustiques en laboratoire dans des environnements reproduisant leur milieu naturel. Les résultats de cette étude ont été soulignés récemment dans Nature Communications. Sous la direction de chercheurs basés à Imperial College London et à Polo GGB, l’équipe travaillait sur des moustiques Anopheles gambiae, qui sont responsables de la grande majorité des cas de transmission du paludisme en Afrique subsaharienne. Selon l’OMS, l’Afrique reste toujours le continent le plus touché par le paludisme puisqu’elle dénombre , en 2019, 94 % des cas et des décès dus au paludisme dans le monde.
En utilisant un système CRISPR à impulsion génétique qui dissémine une modification sur le gène doublesex afin de rendre les femelles stériles, les chercheurs ont réussi à contrôler les populations de moustiques sur une période d’un an. Des travaux précédents entrepris par les chercheurs de Target Malaria à Imperial College London avaient réussi à contrôler intégralement des populations de moustiques maintenues en petite cage sur 11 générations.
Dans ces récentes expérimentations, nous avons utilisé des grandes cages construites spécialement dans le centre de recherche Polo d’Innovazione di Genomica, Genetica e Biologia (Polo GGB), à Terni (Italie). Ces cages ont permis de contrôler l’humidité et la température et d’utiliser différents niveaux de luminosité tout au long de la journée pour mieux simuler un environnement naturel (reproduction des heures d’ensoleillement et de pénombre). Les cages étaient également équipées d’une série de marqueurs visuels et de sites de repos afin d’encourager les moustiques à adopter un plus large éventail de comportements complexes qu’en petite cage, notamment en ce qui concerne la formation d’essaims, la recherche de nourriture et l’accouplement. Comme la technologie d’impulsion génétique a été testée dans des conditions écologiquement difficiles, ces expérimentations présentaient aussi de meilleures possibilités d’évaluer si une résistance à l’impulsion génétique pouvait survenir.
En utilisant cette approche, nous avons pu contrôler entièrement les populations de moustiques tout au long d’une année. Nous n’avons trouvé, par ailleurs, aucune trace de résistance à l’impulsion génétique. Ce sont des signes encourageants prouvant que ce système d’impulsion génétique ciblant le gène doublesex arriverait à réduire les populations de moustiques vecteurs de la maladie, si l’on procédait à un lâcher de terrain.
En faisant preuve de son efficacité dans des conditions qui se rapprochent plus étroitement de l’environnement naturel d’A. gambiae, nous espérons combler le déficit de connaissances entre les travaux de laboratoire et les études de terrain. La recherche fournit des données qui informeront la modélisation informatique et l’évaluation des risques qui ont été entreprises par les équipes de Target Malaria pour déterminer quels seraient les impacts potentiels sur les populations et l’environnement d’un lâcher environnemental de l’impulsion génétique.
Cela marque un succès important dans l’approche de développement par étapes d’une technologie novatrice de lutte anti-paludique, complémentaire des outils existants, dans laquelle Target Malaria s’est engagée conformément au cadre d’orientation fixé par l’Organisation mondiale pour la Santé. D’autres essais et travaux de recherche seront nécessaires, ainsi que l’évaluation complète des risques, avant qu’un lâcher des moustiques à impulsion génétique puisse intervenir sur le terrain. Néanmoins, ces travaux représentent une étape critique sur la voie de cet objectif et établissent un paradigme réalisable pour combler le déficit de connaissances entre le laboratoire et le terrain.