Expédition de collecte de moustiques en Ouganda
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Le paludisme représente un lourd fardeau économique et sanitaire pour les communautés à travers l’Ouganda, dont 90 % de la population est à risque, avec une perte économique annuelle moyenne de 500 millions de dollars associée à la maladie.
Le travail effectué à l’Institut de recherche virologique de l’Ouganda (UVRI) en partenariat avec l’Imperial College de Londres et l’Université de Notre-Dame vise à relever ce défi.
Les trois institutions partenaires sont impliquées dans une activité de collecte de moustiques appelée « Close Kin Mark Recapture (CKMR) » (marquage-recapture basé sur l’identification génétique des paires des individus apparentés) pour étudier la dynamique et le comportement du moustique primaire transmettant le paludisme Anopheles gambiae.
La CKMR est une technique utilisée pour estimer, entre autres, la taille de la population et le potentiel de migration des organismes dans leurs habitats. Cette technique identifie à l’échelle moléculaire des spécimens individuels étroitement apparentés (parents-enfants ou demi-frères et sœurs) parmi les échantillons prélevés sur le terrain, à partir desquels les caractères d’intérêt peuvent être estimés. Dans cette étude, les moustiques sont prélevés dans un village sélectionné par l’équipe d’entomologie de terrain et amenés au laboratoire de l’institut de recherche virologique de l’Ouganda, où ils sont examinés plus avant pour établir leur bagage génétique.
Les moustiques capturés sur le terrain sont utilisés pour estimer la population, le taux de survie, les taux de mortalité par âge et l’étendue de la dispersion de ces moustiques dans le village. Le développement d’une meilleure compréhension de ces facteurs joue un rôle crucial dans l’évaluation du potentiel des futurs outils de lutte antivectorielle, tels que les approches d’impulsion génétique. L’équipe d’entomologie de terrain a capturé autant de moustiques adultes que possible en utilisant diverses méthodes sur une période de 14 à 21 jours.
En octobre 2021, l’équipe UVRI s’est rendue sur l’île de Jaana, sur le lac Victoria, pendant trois semaines pour examiner les caractéristiques de la population du vecteur du paludisme Anopheles gambiae à l’aide de l’approche CKMR. Avant l’excursion sur le terrain, l’équipe d’engagement des parties prenantes avait communiqué avec les communautés à l’UVRI non seulement pour obtenir un consentement écrit, mais aussi pour que la communauté apprécie l’importance de la CKMR dans la réalisation de l’objectif de réduction du fardeau du paludisme en Ouganda.
L’expédition a été un succès, et un total de 733 moustiques Anopheles gambiae adultes ont été récoltés à l’intérieur dans les trois villages de l’île de Jaana (Lwazzi, Kiku et Nalukandudde). Les prélèvements de moustiques ont été réalisés quotidiennement (tôt le matin) à l’aide d’une méthode d’aspiration (prokopack). En moyenne, 50 habitations ont été visitées chaque jour à des fins de prélèvement sur toute la durée de l’excursion sur le terrain. Les échantillons ont ensuite été identifiés morphologiquement et conservés dans des tubes individuels avant d’être transportés vers l’UVRI pour une analyse plus approfondie. En collaboration avec l’Université de Notre Dame, les spécimens prélevés seront analysés à l’échelle moléculaire pour estimer les différents caractères de la population qui font l’objet de cette étude.