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La célébration d’un âge d’or de la recherche sur le paludisme en Afrique

posté 9th juin 2022 par Sylvia Nakiirya

Selon l’OMS, 241 millions de cas de paludisme ont été dénombrés dans le monde en 2020, et la vaste majorité du fardeau de la maladie se situait en Afrique, où 95 % des cas ont été relevés. Pour surmonter ce grave problème de santé publique, il est essentiel que la communauté scientifique dans le domaine du paludisme tire parti de l’expérience, des connaissances et de l’expertise uniques des scientifiques africains afin d’élaborer des stratégies et des outils permettant de combattre cette maladie.

Angella Nakamaanya, assistante d’insectarium, blanchit les œufs de moustiques à l’insectarium Target Malaria de l’UVRI, à Entebbe.

Target Malaria est un consortium de recherche international à but non lucratif, comptant cinq équipes de chercheurs basées dans ses institutions partenaires africaines au Burkina Faso, au Cap Vert, au Ghana, au Mali et en Ouganda. Nos équipes font un travail essentiel visant à mettre au point des technologies génétiques innovantes pour la lutte contre le paludisme.

Les principaux aspects de notre projet dépendent de la compréhension des moustiques qui transmettent le paludisme. Le travail entomologique des équipes de recherche a permis d’accroître nos connaissances sur les moustiques vecteurs du paludisme dans les pays où nous sommes présents. Nos équipes au Burkina Faso ont récemment publié les résultats du tout premier lâcher de moustiques génétiquement modifiés en Afrique, dotant le projet de connaissances que seuls les scientifiques travaillant dans les régions touchées peuvent obtenir.

Au cours de l’exercice de tri, les moustiques sont triés selon l’espèce (par exemple Anopheles, Aedes ou Mansonia), le sexe et d’autres spécifications.

Pour instaurer la confiance au sein des communautés dans lesquelles nous travaillons, nos équipes d’engagement des parties prenantes développent de nouveaux outils qui sont adaptés aux normes socio-culturelles locales. Nos équipes traduisent les concepts scientifiques dans les langues locales pour nous permettre de partager notre travail avec les communautés rurales et utilisent différentes méthodes de communication, notamment le théâtre et les émissions de radio. La connaissance des langues, des coutumes et des traditions est essentielle pour conseiller les porteurs du projet sur l’engagement des parties prenantes et la diffusion des informations scientifiques.

Un agent de terrain de l’équipe d’engagement des parties prenantes explique le projet Target Malaria lors d’une réunion dans un village du Burkina Faso.

En notre qualité de consortium de recherche international, nos équipes en Europe et en Afrique collaborent en bâtissant, rénovant et agrandissant les insectariums. Ceci, pour que nos scientifiques disposent d’installations de pointe adhérant aux normes internationales pour mener leurs études sur les colonies de moustiques de type sauvage et génétiquement modifiés, après avoir obtenu l’autorisation réglementaire des autorités nationales compétentes.

Ensemble, nous perfectionnons nos compétences dans de nombreuses disciplines : l’entomologie médicale et de terrain, la modélisation, la collecte de données, l’écologie, la biologie, l’anthropologie, la sociologie, le risque, les affaires réglementaires, la communication et la gestion de projet.

Collecte de larves de moustiques sur un gîte aquatique au Burkina Faso.

Nous formons également la génération suivante de scientifiques africains en offrant un lieu d’enseignement aux étudiants en Master, doctorants et chercheurs postdoctoraux dans nos institutions partenaires africaines.

L’Institut de Recherche en Sciences de la Santé (IRSS) au Burkina Faso, premier établissement d’Afrique pour l’étude des moustiques transgéniques, travaille avec des moustiques génétiquement modifiés sans impulsion génétique depuis 2016, et le Centre de recherche et de formation sur le paludisme au Mali, depuis 2017. L’institut de recherche virologique de l’Ouganda (UVRI) a inauguré son nouvel insectarium en 2019 et le Ghana devrait inaugurer le sien cette année.

Dr Bilkissou Yagouré de Target Malaria Mali dissèque des moustiques pour des études PCR

Les équipes de Target Malaria en Afrique tirent parti de l’impact croissant de la recherche africaine qui contribue à l’espoir que notre monde puisse un jour être exempt de paludisme.

Il est essentiel de disposer d’un arsenal de nouveaux outils et d’innovations pour garder une longueur d’avance sur les moustiques et les parasites vecteurs du paludisme. Les travaux de recherche des équipes africaines ont été d’une importance cruciale pour le développement de vaccins antipaludiques tels que RTS,S et R21/Matrix-M, et en particulier dans la conception et la réalisation d’essais avant leur approbation. Le Réseau d’Afrique de l’Ouest pour les essais cliniques sur les médicaments antipaludiques et les institutions africaines qui mènent les essais jouent un rôle majeur pour faire avancer de nouvelles associations médicamenteuses du développement à l’approbation, puis à la production.

La recherche sur le paludisme en Afrique n’a jamais été aussi influente et porteuse d’espoir qu’elle ne l’est à l’heure actuelle. Les scientifiques africains devront continuer à recevoir reconnaissance et attention sur la scène internationale au fur et à mesure qu’ils contribuent à changer le cours de l’histoire du paludisme.