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Rapport mondial sur le paludisme 2024 : Accélérer les progrès et préserver les acquis de la lutte contre le paludisme  

posté 11th décembre 2024 par Dr Charles Guissou

L’Organisation mondiale de la santé a publié aujourd’hui son rapport annuel sur le paludisme dans le monde

Depuis 2000, les efforts de lutte contre le paludisme ont permis d’éviter 2,2 milliards de cas et 12,7 millions de décès dans le monde. Rien qu’en 2023, plus de 177 millions de cas et 1 million de décès ont été évités dans le monde. La plupart des cas (80 %) et des décès (94 %) évités l’ont été dans la région africaine de l’OMS. 

De nombreux pays où la charge de morbidité du paludisme est faible continuent d’avancer régulièrement vers l’objectif d’élimination. En 2023, plus de la moitié (47) des 83 pays où le paludisme est endémique dans le monde déclareront moins de 10 000 cas de la maladie. 

La région africaine continue de porter le fardeau le plus lourd du paludisme, représentant, selon les estimations, 94 % des cas mondiaux et 95 % des décès liés au paludisme en 2023. Un peu plus de la moitié de ces décès sont survenus dans quatre pays : Nigeria (30,9 %), République démocratique du Congo (11,3 %), Niger (5,9 %) et République-Unie de Tanzanie (4,3 %). En 2023, on estime à 263 millions le nombre de nouveaux cas de paludisme dans 83 pays du monde, contre 252 millions en 2022 et 226 millions en 2015. Sur les 263 millions de cas de paludisme estimés, 12 573 000 ont été recensés en Ouganda, 8 139 000 au Burkina Faso et 6 552 000 au Ghana. 

Malgré quelques avancées dans la lutte contre le paludisme en Afrique, les progrès doivent être accélérés. Environ deux tiers des cas et des décès dus au paludisme dans le monde sont concentrés dans 11 pays africains : Burkina Faso, Cameroun, République démocratique du Congo, Ghana, Mali, Mozambique, Niger, Nigeria, Soudan, Tanzanie et Ouganda.  

De nombreuses menaces pèsent sur les progrès réalisés dans la lutte contre le paludisme, telles que les déficits de financement, la pauvreté, le changement climatique, les urgences humanitaires telles que les conflits, et le manque d’accès aux services essentiels tels que les traitements et les méthodes préventives. La résistance développée par les moustiques aux insecticides dont son imprégnées les moustiquaires, la résistance du parasite aux traitements antipaludiques, ainsi que la propagation d’Anopheles stephensi, entre autres, risquent également de freiner les progrès déjà accomplis. 

Bien que les défis augmentent, force est de constater que les avancées positives, comme le vaccin contre le paludisme recommandé par l’OMS, que 17 pays ont introduit par le biais de la vaccination des enfants. Entre 2019 et 2023, environ 2 millions d’enfants au Ghana, au Kenya et au Malawi ont reçu un vaccin antipaludique, et beaucoup d’autres suivront. Cette généralisation des vaccins antipaludiques en Afrique devrait permettre de sauver des dizaines de milliers de jeunes vies chaque année.  

Toutefois, l‘impact le plus important sera obtenu lorsque les vaccins seront introduits parallèlement à un ensemble d’autres interventions contre le paludisme adaptées au contexte local, telles que les moustiquaires de nouvelle génération, les médicaments et l’utilisation des technologies génétiques.  

À Target Malaria, nous développons des moustiques à impulsion génétique comme futur outil potentiel de lutte contre les vecteurs. Nous adaptons un mécanisme génétique naturel, appelé « impulsion génétique », pour biaiser le taux d’hérédité afin de répandre une modification génétique chez les moustiques vecteurs du paludisme pour les rendre stériles. Utilisés conjointement avec d’autres outils de lutte contre le paludisme, les moustiques à impulsion génétique promettent d’être une méthode autonome et efficace en termes de coûts pour réduire la population de moustiques du paludisme à l’avenir. Vous pouvez trouver plus d’informations sur nos travaux ici

Bien que les conclusions du rapport de cette année mettent à nu le lourd fardeau du paludisme en Afrique, elles brossent également un tableau optimiste des possibilités d’accélérer les progrès. Avec les investissements, la recherche et le développement appropriés, l’engagement communautaire et la volonté politique, il est possible d’inverser les tendances et d’accélérer les progrès vers l’élimination du paludisme. Le moment est venu d’agir. 

Lire les les principales conclusions du rapport mondial sur le paludisme de l’année dernière ici