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Développement de technologies génétiques innovantes pour la lutte contre le paludisme en Ouganda  

posté 16th octobre 2024 par Dr Johnathan Kayondo

Le paludisme est un problème de santé publique mondial important en Afrique, la région supportant plus de 90 % des cas de paludisme et des décès dus à cette maladie. Dans le Rapport mondial sur le paludisme 2023, l’Ouganda fait partie d’un groupe de cinq pays, dont l’Éthiopie, le Nigeria, le Pakistan et la Papouasie-Nouvelle-Guinée, collectivement responsables d’une augmentation du nombre de cas de paludisme et de décès dans le monde en 2022. Malgré tous les efforts déployés pour lutter contre la maladie, l’OMS estime à 12,7 millions le nombre de cas de paludisme et à plus de 17 556 le nombre de décès en Ouganda. Le paludisme met également à rude épreuve nos systèmes de santé, comme en témoignent les taux élevés de consultations externes, d’admissions à l’hôpital et de décès. 

L’impact dévastateur du paludisme dans mon pays nécessite la conception et le déploiement de nouveaux outils pour compléter les outils existants, dont l’efficacité est compromise par l’émergence et la propagation de la résistance aux insecticides et aux médicaments, par les changements de comportement des moustiques et par le changement climatique.  

Target Malaria travaille à la mise au point de moustiques génétiquement modifiés pour compléter les outils de lutte antivectorielle existants. Notre objectif est de développer des moustiques génétiquement modifiés afin de réduire la population de moustiques responsables du paludisme et d’arrêter la transmission de la maladie.  

L’Institut de recherche sur les virus de l’Ouganda (UVRI), un département du ministère de la Santé et une institution membre de l’Organisation nationale de recherche en santé de l’Ouganda (UNHRO), est le partenaire de Target Malaria en Ouganda. Depuis 2012, Target Malaria Ouganda a été impliqué dans la caractérisation des populations de moustiques dans des villages sélectionnés dans les districts de Mukono et Kalangala afin d’explorer les populations de moustiques : la diversité des espèces, l’importance médicale, la dynamique saisonnière des populations, entre autres. Un engagement soutenu des parties prenantes a eu lieu dans ces régions afin de consulter les communautés locales et d’expliquer le but des collectes, des études et des objectifs du projet.  

Cette année, en mai, l’équipe de l’UVRI a importé une souche de moustiques génétiquement modifiés sans impulsion génétique, appelée souche « mâle biaisé ». Il s’agit de la même souche que celle importée en 2022 au Burkina Faso. Les moustiques mâles biaisés ont été importés de notre institution partenaire, les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) aux États-Unis.    

L’approbation de cette importation et des études en milieu confiné a été obtenue auprès des autorités réglementaires nationales compétentes en Ouganda, en particulier le Conseil national ougandais pour la science et la technologie – UNCST (soutenu par l’examen technique du Comité national de biosécurité – NBC) et l’Autorité nationale de gestion de l’environnement – NEMA. L’accord des communautés locales situées autour du campus de l’UVRI a également été obtenu. 

Les études sur les moustiques mâles biaisés se sont déroulées ces derniers mois dans l’insectarium de Confinement des arthropodes niveau 2 (Arthropod Containment Level 2 – ACL-2) de l’UVRI, le premier de son genre en Ouganda, inauguré en 2019. L’insectarium a été construit et fonctionne dans le strict respect des directives internationales reconnues. Il répond également aux directives nationales en matière de biosécurité.  

L’équipe de l’insectarium mène actuellement des expériences sur des moustiques locaux de type sauvage et des moustiques génétiquement modifiés. Les chercheurs de l’UVRI mèneront plusieurs études sur les moustiques mâles biaisés et communiqueront les résultats aux autorités réglementaires et aux parties prenantes. Les objectifs de ces études sont de confirmer que la modification fonctionne comme prévu, c’est-à-dire qu’elle produit plus de descendants mâles que de descendants femelles, et de recueillir des informations sur le développement et le comportement des moustiques modifiés. 

La souche « mâle biaisé» n’est pas porteuse de la technologie de l’impulsion génétique. Elle est génétiquement modifiée pour produire principalement des descendants mâles (jusqu’à 95 % dans des conditions de laboratoire). La souche « mâle biaisé » n’est pas un outil de contrôle des vecteurs. L’objectif de cette phase est de comprendre cette nouvelle souche fertile (par rapport à la souche stérile importée, étudiée et diffusée au Burkina Faso), de développer les capacités, de former les équipes de Target Malaria à l’UVRI et de s’engager auprès des autorités réglementaires et des parties prenantes en Ouganda. 

Les études de confinement que nous menons actuellement s’inscrivent dans le cadre d’un processus de développement progressif qui nous rapproche de la recherche de solutions durables pour lutter contre le paludisme en Afrique. Notre objectif dans un avenir proche est de mettre au point des moustiques à impulsion génétique qui pourraient être utilisés comme outil de lutte antivectorielle en complément des interventions existantes.