Le paludisme est une maladie endémique qui menace l’ensemble de la population au Burkina Faso. Les plus vulnérables sont les femmes et les enfants, qui sont touchés par cette maladie de manière disproportionnée. Target Malaria est conscient du rôle déterminant des femmes et des jeunes dans la lutte contre le paludisme. En tant que principales dispensatrices de soins et groupe vulnérable, les femmes sont au cœur de notre stratégie. Dans le cadre de ses activités d’engagement des parties prenantes, Target Malaria vise à renforcer l’implication et l’éducation de ces groupes clés sur les méthodes actuelles de lutte antivectorielle, ainsi que sur les nouvelles technologies, comme les moustiques génétiquement modifiés. Cette approche inclusive assure une meilleure compréhension et adoption des outils innovants dans la lutte contre le paludisme.
Selon le Ministère de la Santé du Burkina Faso, le paludisme est à l’origine de 43 % des consultations auprès d’un prestataire de santé, de plus de 60 % des hospitalisations et de 30 % des décès. En 2022, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a estimé à 8 millions le nombre de cas de paludisme et à 16 669 le nombre de décès liés à cette maladie dans ce pays.
« Étant donné que la maladie ne fait pas de discrimination, ce sont les femmes qui portent le fardeau sociétal et économique du paludisme. Cette maladie se propage dans des situations d’extrême pauvreté, intensifiant de facto les difficultés et accentuant les inégalités existantes », déclare le Dr Léa Paré Toé, Coordinatrice chargée de l’Engagement des Parties Prenantes du programme Target Malaria Burkina Faso.
Selon un rapport du RMB Partnership to End Malaria et Malaria no More intitulé « The case for investing in a gendered approach to the fight against malaria », des centaines de millions de femmes enceintes et d’enfants de moins de cinq ans sont particulièrement vulnérables au paludisme. Il convient de souligner que les enfants de moins de cinq ans représentent les deux tiers de tous les décès dus à cette maladie endémique. D’autres, en particulier les adolescentes, se heurtent aux nombreuses lacunes sexospécifiques dans la couverture des services de lutte contre le paludisme, ce qui a parfois des répercussions à vie.
Target Malaria, un consortium de recherche à but non lucratif, est un pionnier dans l’utilisation de l’impulsion génétique, un mécanisme génétique naturel, visant à une modification génétique chez les moustiques qui transmettent le paludisme, biaisant de ce fait le taux d’hérédité tout en affectant leur capacité à se reproduire. Cette approche innovante promet d’être une méthode potentiellement durable et rentable pour réduire la population de moustiques du paludisme et, en fin de compte, mettre fin à la transmission du paludisme dans le futur.
Selon le Dr Paré Toé, « les domaines de la science et de la recherche ont de plus en plus besoin des femmes et d’un engagement sans précédent auprès de celles-ci, des jeunes et des enfants au sein des communautés ». Elle ajoute que son rôle consiste principalement à impliquer les communautés locales de Bobo-Dioulasso et des villages de Bana et Souroukoudinga. « Notre équipe s’est focalisée sur les femmes et les jeunes, en mettant en exergue leur rôle essentiel dans la sensibilisation des populations au sujet des potentiels interventions et traitements actuels contre le paludisme ».
Ces engagements comprennent l’organisation de réunions communautaires, d’ateliers éducatifs, de pièces de théâtre interactives et la participation à la série vidéo Voix du terrain – permettant aux membres de la communauté de partager leur expérience du paludisme et leurs impressions sur le travail de Target Malaria.
Ces échanges visent à favoriser une meilleure compréhension du fonctionnement de la technologie de l’impulsion génétique et de son impact potentiel sur les communautés. Ces activités sont essentielles pour permettre aux équipes et aux communautés d’apprendre à se connaître, d’instaurer la confiance et de créer des canaux de communication réguliers.
Observation de larves de moustiques au microscope par une femme à l’IRSS. Crédit: Target Malaria
« En matière de soins de santé, les femmes sont souvent les premières à intervenir dans leur famille, et les jeunes enfants sont ceux qui souffrent le plus des effets dévastateurs du paludisme », déclare le Dr Paré Toé.
« La plupart du temps, les femmes, en particulier dans les communautés rurales et mal desservies, ont une autonomie et un accès aux ressources financières limités, ce qui peut restreindre leur capacité à obtenir des soins de santé adéquats en temps opportun. En outre, les normes sociétales et les responsabilités, telles que la garde des enfants et la gestion du foyer, augmentent leur vulnérabilité aux piqûres de moustiques, tôt le matin et tard le soir, lorsque les moustiques sont plus actifs », explique Krystal Birungi, Coordinatrice de l’Entomologie sur le Terrain – Target Malaria Ouganda.
Par ailleurs, les femmes adultes ne sont pas les seules à s’occuper de leurs enfants. Les jeunes filles sont souvent tenues de s’occuper de leurs frères et sœurs malades, ce qui les empêche de poursuivre leurs études.
“Au-delà de l’innovation scientifique, notre mission représente un engagement en faveur du co-développement, de l’excellence et de la responsabilité, en reconnaissant les contributions inestimables des femmes africaines dans la lutte contre le paludisme », ajoute le Dr Paré Toé.
Engagement communautaire dans le village de Bana, Bobo-Dioulasso, Burkina Faso
Imaginer un monde sans paludisme
Selon le rapport « The Malaria Dividend » publié récemment à la demande de Malaria No More UK, un avenir sans paludisme aurait un impact considérable sur le développement des pays où la maladie est endémique. Il permettrait notamment d’alléger la charge de morbidité qui pèse sur les femmes et les enfants africains, et donc d’améliorer la santé des familles et des communautés. La baisse des taux de mortalité infantile permettrait à un plus grand nombre d’enfants de réaliser pleinement leur potentiel et contribuerait à une société plus équitable et bien formée, ainsi qu’à une économie florissante.
Les femmes, débarrassées des effets dévastateurs du paludisme, pourraient participer pleinement à la vie active et à la vie en communauté, ce qui favoriserait la croissance économique et le développement.
« Avec moins de ressources consacrées au traitement du paludisme, les familles pourraient investir davantage dans l’éducation, la nutrition et d’autres besoins essentiels. Les pays économiseraient des milliards en frais de santé et en perte de productivité, des fonds qui pourraient être redéployés au profit des infrastructures, du système éducatif et autres domaines stratégiques. À mesure que les économies se renforcent, la qualité de vie s’améliore en général, ce qui réduit le fossé entre les riches et les pauvres », indique Mme Birungi.
« Alors que nous œuvrons pour un monde sans paludisme, nous avons investi au profit des chercheurs africains, plus précisément dans le renforcement des capacités, le mentorat et le développement des compétences, afin de former la prochaine génération de chercheurs africains, de sorte que leur voix soit entendue et leurs compétences utilisées », conclut le Dr Paré Toé.
Bien que le parcours ne soit ni parfait ni facile, des progrès significatifs ont été accomplis. En responsabilisant les communautés africaines et en adoptant des approches collaboratives et innovantes telles que Target Malaria et autres initiatives de recherche, il est possible de faire en sorte que l’impact soit véritablement transformateur.
Notes aux éditeurs:
- Target Malaria’s team in Burkina Faso travaille en collaboration avec l’Institut de Recherche en Sciences de la Santé (IRSS)
- La majeure partie de l’équipe est basée à Bobo-Dioulasso et est dirigée par le Professeur Abdoulaye Diabaté, principal Chercheur de Target Malaria-Burkina Faso,
- Voir des informations complémentaires sur la série Voix du terrain.