Quel rôle jouent les moustiques porteurs du paludisme dans leur écosystème ?
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Les moustiques de la malaria sont les animaux les plus meurtriers de la planète. Une meilleure compréhension des réseaux écologiques qu’ils habitent est un élément essentiel de notre recherche sur les technologies génétiques en tant qu’outil permettant d’éradiquer la malaria.
Notre équipe d’entomologistes et d’écologistes de l’université du Ghana se consacre à la découverte de nouvelles informations sur ce sujet. On connaît actuellement très peu sur le rôle écologique du moustique anophèle, qui est responsable de la plupart des cas de transmission du paludisme en Afrique.
C’est pourquoi l’Université du Ghana, l’Université d’Oxford et le Centre de génomique de la biodiversité de l’Université de Guelph au Canada mènent actuellement un projet d « observatoire écologique » de quatre ans qui contribuera à prévoir l’impact de la suppression locale des moustiques Anopheles gambiae, l’un des principaux vecteurs du paludisme en Afrique. L’objectif du projet est de déterminer les effets que la suppression potentielle de la population de moustiques Anopheles gambiae aurait sur la communauté écologique dans laquelle elle s’insère.
La recherche, qui se déroule sur le terrain à l’Université du Ghana, étudie la relation écologique d’Anopheles gambiae avec d’autres espèces de la communauté, notamment ses concurrents larvaires, ses prédateurs adultes (chauves-souris, oiseaux, libellules, etc.) et les espèces végétales qu’il peut aider à polliniser. Jusqu’à présent, nos études indiquent que les Anopheles gambiae ne sont pas des pollinisateurs importants. Cette collecte de données nous permettra de comprendre le rôle de ces espèces de moustiques dans l’écosystème et de modéliser avec précision comment les interactions actuelles changeraient si leur nombre était réduit ou perturbé. Certains aspects de l’écologie d’Anopheles gambiae sont bien étudiés mais les interactions inter-espèces sont moins bien connues, la recherche au Ghana ajoutera une image plus détaillée de leurs interactions écologiques.
Jusqu’à présent, nous savons qu’Anopheles gambiae est une espèce importante en raison de son rôle de vecteur du paludisme, et non en tant que composant clé des réseaux alimentaires des écosystèmes ou des réseaux de pollinisateurs. Les Anopheles gambiae adultes constituent une ressource relativement peu importante, de faible volume et désagrégée, et il n’existe pas de preuve de l’existence de prédateurs étroitement liés. Aucun prédateur n’est enregistré comme étant étroitement associé ou dépendant des larves de ces moustiques.
La forte saisonnalité d’Anopheles gambiae dans la majeure partie de son aire de répartition et la nature éphémère de nombre de ses habitats larvaires limitent également la prédation aux espèces généralistes qui peuvent le prendre comme proie lorsque l’occasion se présente.
Les équipes continuent de travailler en étroite collaboration avec les habitants de deux villages (Abutia Amegame et Mafi Agorve) dans la région de Volta au Ghana pendant un an pour collecter des échantillons. Avant le début des collectes, toutes les méthodes et le nombre d’échantillons visés ont été approuvés par les comités d’éthique de l’université du Ghana et de l’université d’Oxford, afin de garantir l’absence d’impact durable sur les plantes et les animaux des communautés étudiées.
Ce point est important pour Target Malaria, car le projet cherche à comprendre les impacts potentiels de la réduction de la population de moustiques du paludisme sur l’environnement. Le rôle potentiel des moustiques de la malaria dans leurs écosystèmes est un sujet commun partagé par les parties prenantes, des communautés aux régulateurs, et le projet veut les aider à prendre une décision éclairée en partageant cette recherche.