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La recherche doit être un effort collaboratif

posté 15th avril 2021 par Dr. Léa Paré Toé

Bien que l’on ait constaté une hausse significative de l’intérêt pour la recherche en science médicale au cours de l’année passée – avec la COVID-19 qui enflammait chaque jour les débats sur l’importance de l’innovation, de la recherche et de la vaccination au moment des repas – il reste beaucoup de chemin à faire pour renforcer la confiance du public à l’égard des découvertes et des recommandations scientifiques. Ce problème n’est pas spécifique à la lutte contre le coronavirus ; c’est aussi une réalité dans le domaine du paludisme.

Certains diraient que la résistance face à la science s’explique par des raisons politiques, économiques et culturelles, mais je pense qu’elle est due, dans la plupart des cas, au manque de véritable engagement. En d’autres termes, il manque une plateforme de communication bilatérale efficace qui place les communautés affectées par la recherche scientifique au centre même des initiatives de recherche.

Cette question est explorée dans un nouvel article, que j’ai récemment publié dans le magazine Nature

Chez Target Malaria, nous sommes d’avis que la recherche doit prendre la forme d’un effort collaboratif, dans lequel les scientifiques et les communautés affectées s’approprient mutuellement le processus. Nous ne cherchons pas des partenariats passifs. Notre objectif est de co-développer un nouvel outil contre le paludisme, dans le cadre d’un véritable partenariat avec les communautés locales au sein desquelles nous exerçons nos activités. 
Ce n’est pas une tâche facile. Cela signifie de notre part un changement de mentalité, et plus de flexibilité afin d’intégrer les connaissances et les préoccupations des communautés tout au long du processus. Nous devons également chercher constamment de nouveaux moyens de familiariser le public avec nos activités.

Activités d’engagement avec les communautés locales au Burkina Faso

La complexité de la recherche scientifique ne doit pas être servir d’excuse pour ne pas impliquer les communautés affectées. Au Burkina Faso, par exemple, nos équipes et les communautés locales ont travaillé côte-à-côte pour développer un glossaire en dioula, une langue locale, afin d’expliquer les principaux concepts scientifiques intervenant dans nos travaux, comme les « gènes » et « l’ADN ». Il faut que les communautés affectées comprennent la technologie que nous développons pour qu’elles puissent façonner le processus de recherche.

La communication scientifique efficace est essentielle, mais elle ne peut pas à elle seule construire des partenariats et instaurer la confiance. Si l’on veut qu’elles fassent confiance à la science et suivent les recommandations scientifiques, les populations doivent faire partie intégrante du processus de recherche. Il s’agit pour les projets de recherche de faire des efforts pour impliquer ceux qui sont affectés par leurs travaux et s’assurer que la recherche devienne un effort collaboratif.