Loading...

Rapport mondial sur le paludisme 2021 – Une image plus exacte du fardeau du paludisme en Afrique

posté 6th décembre 2021 par Professeur Tom Churcher

Aujourd’hui, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a publié son rapport mondial sur le paludisme. Le rapport porte un regard différent sur le fardeau du paludisme, en utilisant une méthodologie mise à jour pour calculer le nombre de décès dus au paludisme chez les enfants de moins de cinq ans. Cette nouvelle méthode statistique fournit des estimations beaucoup plus précises des causes de décès des jeunes enfants pour toutes les maladies, y compris le paludisme, et elle est maintenant appliquée dans l’ensemble de l’OMS.

Les conclusions du rapport mondial sur le paludisme 2021 font état d’une dure réalité, révélant que le paludisme entraîne plus de décès totaux qu’on ne le pensait auparavant : 627 000 en 2020, soit une augmentation significative par rapport aux 409 000 décès recensés en 2019. Cette augmentation est due en partie au nombre révisé de décès dus au paludisme chez les enfants âgés de moins de cinq ans, le paludisme représentant maintenant 7,8 % des décès, une augmentation par rapport au taux de 4,8 % précédemment enregistré. Les chiffres plus élevés reflètent également des problèmes plus larges de lutte contre le paludisme, car les progrès ont stagné ces dernières années et la pandémie de COVID-19 a engendré des perturbations considérables.

Le nouveau rapport souligne également que l’Afrique porte un fardeau de paludisme encore plus lourd qu’auparavant : l’année dernière, 96 % des décès mondiaux dus à la maladie sont survenus dans la région africaine.

La méthodologie mise à jour est décrite dans un article publié dans The Lancet. Elle montre qu’il est essentiel de bien comprendre les causes de la mortalité chez les enfants de moins de 5 ans afin d’identifier des objectifs et des interventions appropriés pour lutter contre la mortalité chez les jeunes enfants. De nombreux pays ne disposent pas de systèmes d’enregistrement de l’état civil permettant de signaler directement les causes sous-jacentes de décès. La nouvelle méthodologie permet de surmonter ce problème en utilisant des données de saisie primaires plus diversifiées (telles que les autopsies verbales) pour générer des estimations plus fiables.

La disponibilité de données exactes joue un rôle essentiel dans l’évaluation de l’impact du paludisme, la planification des interventions et le placement du paludisme à l’avant-plan du programme de santé mondial. La collecte de données et la production de prévisions posent de réels défis, aggravés par les lacunes existantes en matière de données : par exemple, seuls huit pays africains sur 54 disposent d’un système obligatoire d’enregistrement des décès. À la lumière de ce qui précède, il est impératif que les méthodologies que nous utilisons dans la recherche soient aussi proches que possible d’une image exacte du fardeau du paludisme.

À l’avenir, la méthodologie mise à jour permettra de brosser un tableau plus fiable du fardeau du paludisme en Afrique. Il est essentiel de disposer de bonnes données sur lesquelles fonder les décisions pour indiquer les endroits où davantage d’investissements et de recherche sont nécessaires pour réduire les décès évitables et améliorer les résultats en matière de santé. Notre travail à l’Imperial College de Londres consiste à étudier comment les budgets limités accordés au paludisme peuvent être utilisés au mieux pour réduire le fardeau de la maladie. Beaucoup de choses peuvent être réalisées avec les outils existants, même si de nouvelles technologies et innovations sont nécessaires de toute urgence.

Researchers at the Crisanti Lab, Imperial College London

Nous savons comment lutter contre le paludisme depuis plus d’un siècle. Cela montre que l’on néglige l’investissement dans la santé des communautés qui souffrent de la maladie et que nous ne comprenons que maintenant à quel point cette lacune est lourde de conséquences. Il est essentiel que nous utilisions ces informations pour galvaniser le financement et redoubler d’efforts afin de lutter contre le paludisme dans le monde entier, en sauvant des vies.

Vous trouverez de plus amples informations concernant la recherche du professeur Churcher sur le paludisme ci-dessous : https://malariamustdie.com/thomas-story