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Les discussions sur la diversité biologique deviennent virtuelles

posté 15th juillet 2021 par Dr. Samantha O’Loughlin et Dr. Abdoulaye Diabaté

Pratiquement tout au long des mois de mai et juin, nous avons suivi en ligne une réunion qui est souvent méconnue des membres du public et même de la communauté scientifique, alors qu’elle aura des conséquences importantes pour le monde naturel : la réunion du Subsidiary Body on Scientific, Technical and Technological Advice (SBSTTA) (Organe subsidiaire de conseil scientifique, technique et technologique) de la Convention sur la Diversité Biologique (CBD).

As an advisory body, SBSTTA makes recommendations to En tant qu’organe consultatif, le SBSTTA fait des recommandations à la Conférence des parties (CDP) de la CBD, qui définit les politiques mondiales pour la conservation de la biodiversité. Semblable à la Convention-cadre des Nations-Unies sur les changements climatiques, mieux connue, la CBD définit un cadre exhaustif d’actions visant à conserver la diversité biologique et elle a été ratifiée par plus de 190 pays ou « parties ».

Ces pays sont nombreux à avoir également adopté des « protocoles » supplémentaires, notamment la réglementation et l’évaluation des risques associés aux organismes génétiquement modifiés. C’est là que la pertinence de la Convention prend tout son sens pour Target Malaria : toute décision qui serait prise en matière d’organismes génétiquement modifiés aura un impact sur la recherche, le développement et l’utilisation de moustiques à impulsion génétique.

Fait encore plus significatif, l’impulsion génétique a été le thème de nombreuses discussions lors des dernières réunions de la CBD, et certains pays ont exprimé leurs craintes que les réglementations actuelles ne soient pas adéquates ou suffisantes pour gérer les organismes génétiquement modifiés à impulsion génétique. Lors du SBSTTA et des négociations antérieures, des recommandations avaient été faites pour répondre spécifiquement à ces craintes, notamment des plans pour le développement de « matériaux d’orientation additionnels volontaires » concernant l’évaluation des risques d’organismes renfermant des impulsions génétiques artificielles. Le texte exact qui régira le mode de formulation des nouveaux matériaux et les domaines d’application qu’ils couvriront sont en cours de négociation et seront finalisés lors de la CDP qui se tiendra plus tard cette année.

Le domaine des négociations politiques internationales est tout nouveau pour nous, en tant que chercheurs, et très différent des réunions scientifiques auxquelles nous sommes habitués. Les débats sont très structurés, avec de nombreux « mécanismes » officiels qui doivent être respectés. Les débats longs et parfois déroutants tournent souvent autour d’une seule phrase ou de quelques mots. Au début, les débats sont parfois difficiles à suivre, mais une fois qu’on s’est familiarisé avec la cadence et le vocabulaire employé, cela peut être très intéressant.

Les négociations ont lieu en temps normal dans des grandes salles regroupant des centaines de délégués du monde entier. Pour des raisons évidentes, cette réunion était la première à être organisée en ligne. Bien que cela ait été jugé nécessaire pour faire avancer les négociations déjà retardées de plus d’un an, ce format en ligne faisait surgir de nouveaux défis, par exemple en termes de programmation et de connectivité. Du fait du format virtuel, la plupart des sessions tombaient en plein milieu de la nuit pour les délégués d’Asie et de la région Pacifique, et certains participants ont eu des problèmes de connectivité.

Les négociations de la CBD font intervenir des délégués désignés par chaque pays, et d’autres parties prenantes peuvent s’inscrire en tant qu’observateurs pour assister aux réunions. Target Malaria, en tant que leader mondial dans la recherche sur l’impulsion génétique, détient une expertise collective qui nous permet d’apporter des contributions précieuses aux discussions concernant l’impulsion génétique. En qualité d’observateurs, nous avons eu l’opportunité de faire des déclarations et d’interagir avec d’autres participants.

Parallèlement au SBSTTA, une réunion de l’Organe subsidiaire de mise en œuvre (SBI) affilié a également eu lieu. Cet organe décidera de quelle manière la CBD sera mise en œuvre. Comme les premiers pays susceptibles de bénéficier des approches à impulsion génétique pour la lutte anti-vectorielle sont probablement en Afrique, il est essentiel que les agences de biosécurité africaines aient en main les bases de connaissances et les ressources indispensables pour leur permettre d’évaluer les avantages et les inconvénients de cette technologie. Pour le souligner, le Dr. Diabaté a fait une déclaration lors d’une session plénière, afin d’attirer l’attention sur la nécessité de développer les capacités en Afrique et sur l’importance de la coopération technique et de la recherche scientifique pour la mise en œuvre de la CBD et de ses protocoles.

Même si ces réunions peuvent sembler bien loin de nos activités quotidiennes de chercheurs, les décisions prises peuvent avoir des implications majeures en termes de réglementations, d’évaluation des risques et même de répartition des financements. Vu les progrès stagnants de la lutte antipaludique, le nombre de cas à travers le monde n’ayant pratiquement pas baissé depuis 4 ans, il nous appartient de créer un environnement favorable pour la recherche et l’innovation afin de faire face aux défis actuels.