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Comprendre le vecteur du paludisme : nos études entomologiques au Burkina Faso

posté 24th novembre 2021 par Dr. Franck Yao

Les moustiques qui transmettent le paludisme sont parmi les animaux les plus mortels,  responsables de plus de 400 000 décès dus au paludisme rien qu’en 2019. Chez Target Malaria au Burkina Fasooù je suis coordinateur de l’entomologie de terrain – nous collectons des informations sur les espèces jumelles d’Anopheles gambiae, l’un des principaux vecteurs du paludisme sur le continent africain. Nos études entomologiques nous permettent de comprendre le mode de vie et de reproduction de ces moustiques, quelles distances ils parcourent et à quels endroits ils piquent, et renseignent le projet pour le développement d’un outil innovateur visant à réduire la transmission du paludisme.

Activités de collecte dans les essaims de moustiques au Burkina Faso

Notre recherche fait intervenir plusieurs activités ayant trait à la capture de moustiques dans leur habitat naturel, sur différents sites locaux (Bana, Souroukoudinga et les villages environnants). Nous employons plusieurs méthodes, principalement la capture par spray à l’intérieur, la collecte dans les essaims, la capture d’adultes dans des pièges et la capture de larves. Les échantillons collectés nous permettent de procéder aux analyses et d’acquérir des informations sur l’abondance saisonnière, la répartition spatiale et la dynamique de population des moustiques.

Analyse des moustiques capturés lors d’une activité de lâcher-recapture (MRR) à Bana, au Burkina Faso

L’activité de lâcher-recapture (MRR) de moustiques sauvages ou génétiquement modifiés est l’une de nos principales activités sur le terrain. Elle a pour objectif d’estimer la taille de la population de moustiques et d’évaluer la dispersion et le taux de survie des moustiques sur le terrain. Les données ainsi recueillies permettront à nos chercheurs de concevoir et de mettre en œuvre une stratégie de lutte anti-vectorielle efficace.

En juillet 2019, dans le cadre de notre approche de développement par étapes de notre technologie, Target Malaria a procédé au lâcher de moustiques mâles stériles génétiquement modifiés sans impulsion génétique dans le village de Bana. Ce tout premier lâcher réalisé en Afrique a nécessité plusieurs années de travail de toutes nos équipes (insectarium, entomologie et engagement des parties prenantes) afin de développer l’expertise, de renforcer les compétences et de veiller à instaurer un dialogue éclairé avec les communautés affectées.

Collecte de larves de moustiques au Burkina Faso

Pour réaliser les activités de terrain, nous avons travaillé en collaboration étroite avec des agents de collecte expérimentés (employés temporairement ou bénévoles) qui avaient été formés au préalable aux diverses techniques que nous employons sur le terrain. Conformément à notre valeur de co-développement, ces agents de collecte sont issus de la communauté locale et contribuent par leurs savoirs à notre recherche.

Nous travaillons également avec l’équipe d’engagement des parties prenantes, qui nous précède sur le terrain, et collabore étroitement avec les communautés locales pour veiller à obtenir leur accord préalable pour les activités entomologiques prévues et à ce qu’elles comprennent quels travaux de recherche nous conduirons. Cette importante implication nous permet de consolider le dialogue et la cohésion avec nos parties prenantes, autour d’un même but – lutter contre le paludisme.

L’équipe d’entomologie de terrain se réjouit de pouvoir, par ses travaux, contribuer à la lutte permanente contre le paludisme. Nous sommes convaincus que la recherche et le développement de nouveaux outils et d’approches innovantes pour lutter contre le paludisme seront cruciaux pour inverser l’absence de progrès et consolider les succès durement acquis dans le combat qui se poursuit contre cette maladie mortelle.