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2021 : les progrès réalisés en ces temps difficiles

posté 18th janvier 2021 par Austin Burt

En 2020, nous avons tous traversé une année étrange et difficile. La pandémie de COVID-19 a fait surgir une nouvelle série de défis que le projet a dû relever, forçant les équipes à puiser dans leur créativité et à trouver de nouveaux moyens pour avancer vers notre objectif de développement d’un outil novateur de lutte anti-vectorielle contre le paludisme. Nous avons été forcés de modifier nos plans à quasiment tous les niveaux.

Au sein de la communauté de lutte anti-paludique au sens large, cela a été un soulagement de constater que les progrès réalisés depuis 20 ans dans la réduction de l’incidence du paludisme n’avaient pas été inversés. Même dans les pires circonstances de la pandémie, 90 % des programmes de lutte anti-paludique prévus ont bien été lancés, près de 200 millions de moustiquaires imprégnées de répulsifs anti moustiques ont été distribuées et 20 millions d’enfants protégés grâce aux médicaments anti-paludiques. Résultat : des centaines de milliers de vies ont été sauvées.

Plus près de chez nous, grâce à l’implication de nos équipes en faveur d’un monde exempt de paludisme, nous avons aussi plusieurs développements positifs à signaler pour le projet en Afrique, en Europe et en Amérique du Nord.

Notre principal donneur de fonds, la Fondation Bill & Melinda Gates, a renouvelé nos subventions, marquant ainsi un jalon important du projet. Nous sommes tellement heureux de pouvoir poursuivre les travaux prévus pour les 5 ans à venir et reconnaissants à nos donneurs de fonds de nous avoir renouvelé leur soutien.

Chaque équipe a dû s’adapter à de multiples reprises au cours de l’année, que ce soit au niveau des routines quotidiennes, des programmations ou des mesures de sécurité, pour poursuivre les travaux de recherche et les autres activités tout en respectant les nouvelles mesures sanitaires en vigueur dans tous les pays où nous exerçons nos activités. Nous avons compté sur la flexibilité, la résilience et la créativité de nos équipes pour continuer à faire avancer nos travaux. Pour preuve, le plan mis en œuvre avec une grande précision dans le Crisanti Lab d’Imperial College London afin de ne pas compromettre les travaux scientifiques. Si vous n’en avez pas encore pris connaissance, je vous recommande la lecture du blog expliquant comment ils ont réussi à la fois à poursuivre leurs travaux et à s’amuser (et pourquoi pas ?).

Nous sommes également heureux de lire la Déclaration de principe de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) apportant officiellement son soutien à la recherche sur les moustiques génétiquement modifiés dans la lutte contre les maladies à transmission vectorielle, comme le paludisme. Cette déclaration fait écho aux publications antérieures de l’OMS évoquant à quel point la recherche scientifique et l’innovation sont importantes pour relever les défis des maladies vectorielles et d’autres enjeux de santé mondiaux. 

Pour le volet scientifique du projet, Imperial College a réussi à créer une une population de moustiques mâles biaisés à impulsion génétique. Ceci représentait une étape majeure du projet en 2020, mettant en évidence une autre approche complémentaire de celle de notre souche doublesex, publiée en 2018, qui peut également conduire à l’effondrement de la population sans aucune résistance apparaissant chez les populations en cage. De plus, en collaboration avec l’Université d’Oxford, le projet a publié un nouveau papier basé sur un modèle de simulation qui indique une considérable suppression des populations vectorielles obtenue en l’espace de quelques années suivant l’utilisation d’une impulsion génétique de stérilité femelle. Le modèle a permis d’étudier les facteurs affectant la propagation de ce type d’impulsion génétique sur une superficie d’un million de m² en Afrique de l’Ouest, dans une zone présentant une hétérogénéité environnementale et sociale substantielle. L’équipe de chercheurs de Polo d’Innovazione di Genomica, Genetica e Biologia (PoloGGB) en Italie, conjointement avec l’Université d’Oxford et Imperial College London, a également publié une analyse de notre souche de mâle biaisé autosomique, autonome, sans impulsion génétique, qui conclut que les moustiques modifiés renfermant ce transgène ne survivront probablement pas plus de quelques années dans les populations ciblées. Bien que cette souche ne renferme pas d’impulsion génétique, elle représente un stade « intermédiaire » important dans notre développement incrémentiel, étape par étape, de souches de moustiques efficaces et durables pour la lutte anti-paludique. 

Au Burkina Faso, l’équipe a achevé ses activités de surveillance dans la foulée du lâcher de moustiques mâles stériles génétiquement modifiés (sans impulsion génétique) réalisé en juillet 2019. À l’issue de sept mois de surveillance, l’équipe a soumis son rapport de bilan du lâcher à l’Agence Nationale de Biotechnologie.  

Au Cap Vert, le projet a démarré en accueillant une nouvelle équipe basée au National Institute of Public Health. L’équipe contribuera en premier lieu à notre recherche entomologique, en identifiant les outils et régimes d’échantillonnage pour les études d’état initial, et elle entamera le travail d’établissement d’une colonie de moustiques An. arabiensis.  

Au Ghana, le projet a avancé dans ses études d’écologie et d’élevage, mais a été forcé d’interrompre provisoirement deux études en raison des restrictions dues à la pandémie de COVID. Vous pouvez toujours consulter l’article sur le projet de code-barres.  

Au Mali, l’équipe a réussi à conclure ses travaux de laboratoire en milieu confiné sur les moustiques mâles stériles génétiquement modifiés qui avaient été importés en 2019. Les retours sont en cours auprès des communautés locales et autres parties prenantes. L’équipe a également saisi l’opportunité de participer à un certain nombre d’activités en rapport avec la Journée mondiale contre le Paludisme, la Journée internationale de la Jeunesse et la Journée mondiale du Moustique. 

En Ouganda, le projet a entamé les travaux de laboratoire en milieu confiné avec un moustique naturel, non génétiquement modifié – ce moustique à « couleur variée » présente un phénotype unique et permettra de préparer l’équipe aux futurs travaux avec des moustiques génétiquement modifiés. C’est la première fois qu’une de nos équipes de projet locales a élevé sur place une colonie de moustiques à couleur variée destinée aux études en insectarium.  

Target Malaria s’est engagé à conduire ses travaux de recherche conformément aux règles de bonnes pratiques et aux normes en vigueur. Les travaux de recherche et les études sur le terrain ne pourront pas avoir lieu sans la permission des communautés au sein desquelles nous exerçons nos activités. Conscient de l’importance de l’acceptation, Target Malaria a organisé en 2020 une série d’ateliers avec des experts sur le thème de l’acceptation et du consentement. Cette initiative, organisée en partenariat avec le Kenya Medical Research Institute et la Pan African Mosquito Control Association, visait à fournir une orientation et des recommandations pour les activités d’engagement des parties prenantes du projet.

L’engagement des parties prenantes est un volet essentiel de nos travaux. Nous avons des équipes dédiées aux niveaux local et international pour nous assurer que les parties prenantes des communautés concernées peuvent se joindre à nos activités, faire des commentaires, poser des questions et soutenir nos travaux de recherche sur la base d’une bonne compréhension de notre projet. Pour voir comment cela fonctionne dans la pratique, je vous invite à lire ce blog du Dr Nourou Barry, de l’équipe Target Malaria au Burkina Faso. Sa thèse PhD porte sur la contribution des activités d’engagement des parties prenantes jusqu’au lâcher des moustiques mâles stériles génétiquement modifiés au Burkina Faso.  

Si nous avons autant avancé dans notre recherche et obtenu des résultats, nous le devons entièrement à la détermination et à l’implication de nos équipes. Je souhaite les remercier toutes d’avoir fait preuve de résilience en dépit des challenges que nous avons rencontrés, et j’attends avec impatience de vous tenir informés à l’avenir des progrès que continue à faire cette équipe sur la voie de notre objectif ultime – un monde exempt de paludisme.

Je vous souhaite à tous une très bonne et très heureuse année 2021, avec tous mes vœux de bonne santé !